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Musiques de Zanzibar
Le taarab, le ngoma, le beni, et le kidumbak
published by
Mahsin Basalama

A l'image de sa culture, la musique de Zanzibar est une mosaïque d'influences et de styles différents, empruntés aux quatre coins de l'océan Indien et au-delà.
Le taarab
Il est le meilleur exemple du mélange de traditions sur l'île. Florissante depuis le début du XXe siècle, elle est devenue la première musique de la région. Tirant parti des influences du monde arabe, de l'Inde, de l'Indonésie et de l'Occident, le taarab les a mélangées aux traditions classiques de la poésie swahilie, aux mélodies et rythmes locaux.
Il a été importé à Zanzibar par le sultan Said Barghash, qui a dirigé l'île de 1870 à 1888 et fait venir un groupe de musiciens égyptiens qui ont diffusé leur musique. D'ailleurs, le mot taarab est un dérivé du verbe arabe tariba, qui signifie «être ému, agité». Depuis, le taarab a énormément changé sous l'influence des paroles en swahili et des rythmes traditionnels de chakacha, puis des musiques arabes et indiennes, grâce aux marchands qui passaient par l'île.
La musique de taarab s'apparente à de la poésie chantée. Ses paroles parlent généralement d'amour. L'un des éléments clés de l'instrumentation taarab est le qanun, cithare de 72 cordes pincées reposant à plat. Outre le qanun, d'autres instruments sont apparus dans les orchestres de taarab tels le oud (luth arabe), le violon, le ney (flûte), l'accordéon, le tablah (ou darbouka, tambour arabe) et la contrebasse.
Le ngoma
Le terme ngoma signifie littéralement tambour et désigne toutes les formes traditionnelles locales de danse, de tambour et de chant. Il existe des centaines de ngomas différents en Tanzanie. Ceux originaires de Zanzibar et de son île sœur Pemba, sont particulièrement spectaculaires. Le ngoma ya kibati, par exemple, consiste en un style de chant déclamatoire très rapide. Le msewe, quant à lui, a été nommé d'après les percussions attachées aux chevilles des danseurs, qui soutiennent la section rythmique. Dans les deux cas interviennent le zumari, instrument de la famille des cors, étrange et puissant, joué avec la technique de respiration circulaire.
Chaque style de ngoma a son propre costume : dans le kyaso, des hommes vêtus de chemises et de kikois (tissu tissé originaire de la côte kenyane) dansent avec un long bâton à la main. Dans le ndege, les femmes vêtues de robes colorées tiennent toutes un parapluie lumineux dans leurs mains, avançant avec des pas légèrement en rotation et des mouvements de hanches.
En général, les costumes élaborés soulignent l'effet d'ensemble des danseurs, dont les pas, très synchronisés, suivent le rythme donné par plusieurs tambours et instruments de percussion comme des pots à huile battus avec un bâton.
Le beni
Cette musique de fanfare tire son nom de l'anglais « band » et parodie les fanfares militaires coloniales. Né à la fin du XIXème siècle, il a rapidement été intégré aux compétitions musicales de la côte swahilie et s'est répandu dans toute l'Afrique de l'Est.
Musique du divertissement par excellence, elle met l'accent sur le rythme, la danse, et la participation du public. Vive et bruyante, elle est très populaire dans les mariages.
Le kidumbak
Ce style musical est à mi-chemin entre le taarab et ngoma.
Il est généralement joué avec deux petits tambours en argile, un violon, un sanduku (cithare) et un cherewa (sonnaille faite de coquilles de noix de coco remplies de graines) ou des mkwasa (claves).
Le kidumbak se distingue par son instrumentation locale, son rythme et ses paroles spontanées qui évoquent souvent les travers sociaux. Les musiciens interagissent avec l'audience, faisant lentement monter l'intensité.
Le kidumbak est parfois appelé ''kitaarab'', ce qui se traduit par petit taarab, et leurs origines sont étroitement liées. D'ailleurs, leurs appellations n'ont pas toujours été aussi bien définies, et le taarab des premiers temps devait fortement ressembler au kidumbak de nos jours.