À la fois groupe de scène et de studio d’enregistrement, le Club Rythmique est à La Réunion l’un des orchestres de bal les plus populaires des années 1970. Il se forme en 1968 sous l’impulsion de Jean-Jacques Cladère, l’éditeur-producteur et propriétaire de la société discographique Jackman. À cette époque, Fred Espel, Bernard Bertini et Michel Adélaïde animent ensemble un dancing de l’Étang-Salé lorsque Cladère les engage. Le contrat consiste à jouer dans sa boîte de nuit dionysienne « Le Scotch Club », et à accompagner, durant les séances de prises de son en studio, les vedettes du moment. Sur vinyles 45 Tours, le groupe enregistre aussi des titres chantés par Michel Adélaïde, la voix du Club Rythmique qui ne sont autres que des compositions taillées sur mesure par son ami d’enfance Fred Espel. Retrouvons dans cet article deux d’entre eux : Séga des îles et Su la place Barachois.
Partitions de La Réunion
Fred Espel et le Club Rythmique
publié par
Fanie Précourt
30 août 2023

Séga des îles
C: Fred (Julien) Espel
L'interprète Michel Adélaïde (1939 - 1989)
Le chanteur et percussionniste Michel Adélaïde fréquentait déjà Fred Espel sur les bancs du lycée à Saint-Denis dans les années 1950. En 1963, les deux compères partent sur le « Jean Laborde » en direction de Diégo Suarez, pour animer durant deux années les soirées de La Taverne, sous la direction de Julien Vauzelle. De retour à La Réunion en 1968, alors que Michel Adélaïde chante toujours aux côtés de Fred Espel mais aussi en compagnie de Bernard Bertini, ils forment le Club Rythmique, composé d’artistes qui se succèderont durant plusieurs années (Didier Beusher, Roger et Bernard Carpin, Denis Gagneur, Bernard Brancard, Alain Choby, Betty et Roger Ebrard, Jeanine Peretti…). Les ségas de Fred Espel interprétés par le chanteur vedette Michel Adélaïde font rapidement le succès du Club Rythmique, qui devient le groupe musical de scène et de studio le plus prisé de l'île. Il accompagne les plus grands à l’image de Jacqueline Farreyrol, Benoîte Boulard et Maxime Laope, Michel Admet, Jacky Lechat, Mario Armel, Cyril Labonne… En 1975, le départ précipité de Jean-Jacques Cladère met un terme au groupe. Michel Adélaïde part alors s’installer près de Montpellier, jusqu’à sa disparition dans un accident de la route en 1989.



Su la place Barachois
A/C: Fred (Julien) Espel
L'auteur-compositeur Fred Espel (1938)
Issu de la famille Arlanda (sa mère étant la sœur de Jules Arlanda père), Fred Espel découvre la musique très jeune grâce à l’Orchestre Arlanda au sein duquel son père, Michel, joue du banjo. Fred apprend le solfège avec Jules Fossy (compositeur de « Ti fleur fanée ») et va s'essayer à divers instruments (banjo, contrebasse, piano) avant de se consacrer à la guitare puis au violon. Dans les années 60, appelé par Julien Vauzelle, il part à Madagascar, où il intègre en 1963 son orchestre professionnel, avant de revenir à La Réunion pour jouer dans l’orchestre Jazz Tropical de Claude Vinh San. Guitariste et homme discret, Fred (de son vrai prénom Julien) devient très vite un artiste majeur de la scène musicale réunionnaise. Produit par le studio Jackman, le Club Rythmique dont il fait partie interprète ses succès. Alors que ces années sont marquées par l’influence anglo-saxonne, il saisit l’opportunité de mettre en avant le répertoire du séga. Aujourd'hui, il reste indissociable de son violon bleu.






Fanie Précourt
Illustration 1: Fred Espel et Michel Adélaïde, extrait du journal Témoignage du 04 juillet 2005.
